Est-il possible de donner, ou bien la gratuité n'est-elle qu'un fantasme, plus ou moins innocent ? Un quelconque « don de soi » n'est-il pas intrinsèquement contradictoire ?
Thomas d'Aquin est rarement convié à cette réflexion, si ce n'est de manière latérale, ou à titre de repoussoir. Sans doute la juge-t-on étrangère à ses cadres de pensée. Cette enquête à fleur de texte voudrait montrer qu'il n'en est rien.
Saint Thomas s'intéresse très tôt aux notions de « don » et même de « don de soi », surtout dans le but d'éclaircir certains points de théologie trinitaire. Il les élabore avec une précision que n'approche aucun de ses contemporains, dont il sait pourtant recueillir le meilleur.
Sa pensée gagne même en force avec le temps. Elle distingue le don venu de la libéralité aristotélicienne de celui jailli de la charité chrétienne, lequel participe de la gratuité de Dieu. Elle pose aussi les bases de l'amour comme don affectif de soi. Ce don-là jette un jour nouveau sur plusieurs thèmes thomasiens, comme la spiration de l'Esprit Saint, la liberté ou la béatitude.
L'univers de Th